Bien quitter les filles

–       « Vous voulez savoir le sexe ?
–       Oui…
–       C’est un garçon, et voilà sa petite quéquette… »

Coup d’oeil au papa… L’échographiste se ravise :

–       « Enfin, petite, petite… »

Passé l’émoi de savoir qu’enfin, et pour quelques mois encore, j’allais pouvoir balancer du « ça me casse les couilles ! » à tout va en toute honnêteté, la première chose que je me suis dite, c’est que j’apprendrai à mon petit gars à bien quitter les filles…

Ça sent le vécu ?
Je confirme… c’en est (du vécu).

Je leur dirai (car depuis, un deuxième garçon est arrivé dans ma chaumière) qu’on a TOUJOURS le droit de quitter quelqu’un. Mais qu’il est INDISPENSABLE de le faire correctement… pour la bonne marche du monde. I mean it.

Correctement, ça veut dire quoi ?

Ca veut d’abord dire clairement :
On ne fait pas durer le supplice si on a pris sa décision sous prétexte que c’est bientôt les partiels, que sa mère-grand est en train de passer l’arme à gauche, que le futur appart n’est pas encore libre ou que sais-je… Car la future-ex-moitié sent (presque) toujours que ça ne sonne pas comme d’hab’. Et cherche à savoir. Et angoisse. Et se raisonne. Mais re-angoisse. Et se dit que non, sinon il lui dirait. Et se rappelle que celle d’avant, en même temps, il ne lui a jamais vraiment dit. Et re-re-angoisse…

Ça veut aussi dire honnêtement :
Ça suffit les « tu es trop bien pour moi », « je ne te mérite pas », « je t’aime mais c’est mieux pour toi »
La seule et unique raison valable de quitter quelqu’un (dans le cadre d’une relation… banale – j’entends pas là que j’exclue les histoires de violence conjugale, d’amour à très très longue distance et autres situations où il est judicieux, voire vital, de se séparer malgré les sentiments…), c’est de ne plus être amoureux.
Et on peut ne plus être amoureux sans raison (le cœur a ses raisons tatati tatata…). Même sans avoir rencontré Monique. Même sans haïr celle qu’on quitte. Juste parce que c’est comme ça, on ne ressent plus le petit truc qui réveille le palpitant, ni même, parfois, le grand truc qui réchauffe le ventre…

Ça veut enfin dire bienveillamment :
On évite de s’étaler sur les détails des raisons du pourquoi du comment je-me-barre : on ne mentionne pas délibérément Monique. On ne remet pas sur le tapis le sous-bock de compèt’ jeté « accidentellement » par celle qu’on quitte. On évite de recoucher une dernière fois, pour se souvenir (sur ce point précis, je fais genre, mais je suis à la rue)…
En gros, on trouve la bonne distance pour ne pas faire croire à sa moitié qu’on dit ça « juste pour la faire réagir, en fait on a trop envie que ça reparte comme en nonante-huit », mais pour aussi éviter de l’anéantir pour les 14 prochaines années.

Ca a l’air eaaasy, comme ça, et je sais bien que mon cul, en fait ça fait souvent super mal, même à celui qui quitte.
Mais c’est comme ça que ça fait le moins de dégâts.
Parfois, même, on peut rester copain (sur ce point, par contre, je déboîte tout… même si ça choque ma belle-sœur…).
Et on peut même finir par chanter « We are the world, we are the children… » en se tenant par les épaules.

Mais bon, on n’est pas OBLIGES non plus.

PS : il faut aussi bien quitter les garçons, hein… no discrimination in here !

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12 commentaires pour Bien quitter les filles

  1. Irmazinha de coração dit :

    Mais quand meme, faudrait pas faire rater son année a futur-ex doudou… Ça aussi c’est de la bienveillance non? ;0)

  2. Bienveillamment, ça a un peu plus de chance d’exister 🙂

    Sinon, je suis bien d’accord. J’ai mis des mois à quitter la première « femme de ma vie » (j’avais 19 ans, elle 28) parce que je voulais ne pas ajouter des difficultés à celles qu’elle rencontrait par ailleurs (notamment au boulot), et je me suis rendu compte qu’on avait tous les deux bien inutilement fait traîner le sujet…

  3. R. dit :

    Ce soir, je m’endormirai moins bête qu’hier : je pensais tellement que ça n’existait pas que je n’ai même pas essayé d’en vérifier l’orthographe ! Merci, donc… Et bienvenue ici. 🙂

  4. Pour rappel, les adjectifs en -ant font leur adverbe en -amment (ex : courant / couramment)
    et les adjectifs en -ent en -emment (ex : fréquent / fréquemment)

    Merci pour la bienvenue (je reviendrais, pour parler d’autres choses que d’orthographe, promis).

  5. Je voulais rectifier « je reviendrai » mais wordpress.com a inopportunément planté hier soir. (Ça la fout mal, quand même, quand on joue les Maître Capello, de faire un si grossière erreur uh uh !)

    • R. dit :

      J’ai failli relever, puis je me suis dit que peut-être le conditionnel était voulu, que votre retour ici n’était pas une certitude… Je suis ravie d’apprendre qu’en fait, c’était du futur.
      🙂

  6. une si grossière erreur (pting j’ai du mal moi)

  7. zoumpapa dit :

    …et je retombe sur ce (joli) texte, quand « paf », je lis ça:
    « On évite de recoucher une dernière fois, pour se souvenir » (oui je sais il y a la parenthèse juste derrière)….mais ça prend une autre saveur après les dernières aventures with Mr Assis 🙂

    (nb: tjs ds le même texte: « nonante-huit »…chiotte, tu parles belge!…fégaffe tu t’enfonces…)

    • R. dit :

      C’est ce que j’appelle « le fossé entre mon positionnement intellectuel et l’expression de mes tripes »… Je tombe souvent dedans !

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