Besoin d’une danse…

Les basses vibrent sourdement, il fait moite, les corps se frôlent, se cognent. L’obscurité est zébrée de quelques rayons lumineux aux couleurs chaudes. Les peaux scintillent, glissent, les yeux sont clos ou plantés dans ceux de l’autre. Les visages sont extatiques, les sourires sincères…

J’ai besoin d’une danse.

J’ai besoin de m’enfouir dans cet espace-temps parallèle qui me fait tout oublier. Besoin d’être entre ces bras, conduite, dirigée, prise par cette main ferme. M’emboîter dans ce corps, caler mon bassin sur le sien, onduler des hanches à ses ordres. Être tour à tour dos contre son torse, puis front contre front. Virevolter, dans un sens, puis dans l’autre, être ramenée à ses pieds comme on tire sur un élastique, ramper contre lui. Regards croisés, mutins, connectés. Puis sa main dans le creux de mes reins qui me retient pendant que ses épaules invitent les miennes à s’abandonner, mon dos qui cambre, une jambe qui se lève et se replie.

La musique qui m’emporte, et cette impression troublante d’être en totale osmose, une parfaite communion.

Être sexe contre sexe, rebondissant au rythme de la caisse claire, mains frappant mes fesses, puis les pétrissant. Mes doigts qui filent sur le corps de l’autre, dessinant la ligne des muscles mouvant, le creux de la colonne vertébrale, mes paumes qui à leurs tours s’épanouissent sur son cul ferme.

Les vibrations qui résonnent, profondément. Le sol tremble. Je ne suis plus qu’une onde offerte à ses mouvements. Dans une bulle, plus rien n’existe, juste lui et moi, et la magique alchimie. Le temps est suspendu, je respire, je m’abandonne…

J’ai besoin d’une danse.

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Photo : Dirty Dancing, film de merde peut-être, sauf cette scène… Les scènes de danse, c’est mon porno à moi, ça me met en transe…

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7 commentaires pour Besoin d’une danse…

  1. Fabien dit :

    Etant un piètre danseur (n’ayant jamais apris plutot (espèrant que tout le monde puisse « apprendre » (mais n’osant pas de peur d’échouer surement))) je ne connais pas du tout ces sensations dont tu parles, et je suis probablement loin, à mon grand désaroi (tant ça a l’air bien..) de pouvoir l’offrir à une femme (ainsi qu’a moi même d’ailleurs..)

    Mais je me demande quand même, il semble comme tu en parles qu’il faille « diriger » la danse en tant qu’homme, et d’une façon assez « ferme » j’imagine, sinon l’embarcation va probablement un peu à vau-l’eau sans « maitre » à bord.. non ? Alors je me pose la question suivante : est-ce que pour être un « bon danseur » il n’est pas indispensable par ailleurs d’être un gros connard de macho prétentieux et sur de lui au delà, évidement, de sa réelle valeur..?

    Parce que moi étant plutot du genre metrosexuel, si c’est ça je n’y arriverais JAMAIS donc et autant passer tout de suite à autre chose en me resignant d’ajouter à la liste des plaisirs que je n’approcherais jamais la danse sensuelle à deux (même si j’en serais infiniment triste.. je ne sais pas pourquoi..)

    • R. dit :

      On peut toujours apprendre. Preuve en est, mon ami A., celui à la particularité. Quand nous étions amant, je lui ai dit que s’il voulait lever des minettes, savoir les faire danser était en grand plus (théorie que je défends bec et ongles depuis mes 12 ans, mais mes potes ont mis plus de 10 piges avant de constater que j’avais raison). Et que danser à deux était un immense plaisir.
      Il s’y est mis, probablement pour me plaire, au début. Mais très vite, il est tombé dedans à pieds joints, s’est mis à danser des heures chaque semaine… Salsa cubaine, portoricaine, tango… il est devenu passionné de danses de couple. Et il a eu beaucoup de succès avec les filles.
      Pour répondre à ta deuxième question, on peut être un excellent danseur, qui sait bien diriger (car effectivement, l’homme doit diriger fermement sa partenaire, lui donner des consignes claires… mais je te rassure, aucune violence là-dedans, il s’agit plutôt de tenir la barre, donner la direction…) et être un homme courtois et respectueux. Au même titre qu’on peut être un amant ferme, mais doux.
      Après, je te l’accorde, il y a quelques gros connards de macho prétentieux dans le milieu, et même quelques métrosexuels dans le lot… 🙂
      Mais je t’invite à te lancer plutôt qu’à nourrir des regrets : le plaisir de la danse est jouissif, réellement, et j’ai connu des hommes qui se sont découverts des talents de danseur et de « dirigeur » en se frottant à leur partenaire.
      Aaaaah, nostalgie de ce temps où j’avais le temps et la liberté de danser quand bon me semblait… 🙂

  2. Fabien dit :

    heyy.. c’est clair que d’être un « amant ferme et doux » c’est fastoche.. mais la danse à deux c’est peut être un peu plus compliquée que ça non ? .. bref, ça m’a quand même rassuré (un peu 😉 ) merci miss 😀

  3. usclade dit :

    Y a eu un moment où ma femme et moi, dans les moments les plus durs de notre vie de couple, avons pensé que notre salut passait par la danse… (piètre danseur également, j’étais prêt à tout pour tenter de ré-inspirer du désir à mon épouse, même à danser ! 🙂
    Elle exprimait comme toi l’importance de la danse dans son rapport aux corps, dans son désir de corps.
    On a cherché un endroit où s’inscrire pour pratiquer, mais les premiers contacts téléphoniques nous ont vite découragés. Finalement on s’est mis à faire du djembé dans la commune où on habite, et ça nous a plu… Certes on ne se déhanche pas comme les africaines, mais question vibrations sourdes ou claquantes en communion avec nos corps, on est servis. Bon ça ne l’a pas transformée en tigresse non plus, mais on a bien accroché, et aujourd’hui, si elle n’en fait plus là-bas, de temps en temps on en joue quand on se retrouve le midi en amoureux, sans les enfants ! 🙂
    Par contre avec les filles, à mon âge, y a pas photo, j’ai beaucoup moins de succès en tapant sur un djembé que si j’étais un dieu du Tango 🙂

  4. Tomas dit :

    Je suis tout sauf métrosexuel mais je n’ai jamais réussi à coordonner mes mouvements en dansant. Je pense que je dois plus faire peur qu’autre chose quand j’ose me lancer…
    C’est très frustrant car j’adore les clubs, la danse contemporaine et tout autre endroit où les corps bougent un peu.
    Finalement aimer la danse et ne pas savoir danser c’est comme regarder un couple faire l’amour et se dire qu’on y arrivera jamais…

    • R. dit :

      Je suis assez d’accord avec ta dernière phrase… A ceci prêt que je pense que toutes les techniques peuvent s’apprendre, dans une certaine mesure. Ce qui ne peut pas s’apprendre, c’est le tempérament. Par exemple, mon homme n’aimera jamais danser et ne s’abandonnera jamais à l’érotisme tel que je l’entends moi, question de nature.
      Mais si ton coeur et ton corps veulent danser, et si tu prends le temps d’apprendre les bases, je suis sûre que la technique suivra. Et l’avantage de la danse, c’est que même avec juste des bases, on prend déjà son pied…

  5. etoile31 dit :

    Très jeune, ami d’enfants bourgeoises, de ces riches jeune filles cultiivées dont nous étions proches avec quelques garçons audacieux, nous allions dans ces demeures où l’on apprenait longuement à danser la valse….

    On ouvrait alors toutes les portes des salles du rez-de-chaussée….., des sols en parquets, en carrelages, des rideaux aux portes et un piano auquel une personne parfois venait s’asseoir pour agrémenter les Vinyls du Pick-Up dernière génération et pourvu de la sélection 78 tours pour certaines éditions des valses viennoises…..

    Et là, l’apprentissage virevoltant, de ces pas si simples à enchainer, dans les courants d’air, virevoltant d’une pièce à l’autre, la vitesse…….La Musique, les Parfums, les chaleurs des radiateurs en fonte, les grands escaliers auprès desquels un de nos amis jeune et beau danseur, fils de réfugiés politiques espagnols nous faisait réver!, il disait: « Le jour où la révolution commencera, je sais où nous viendrons, Saloperies de Bourgeois!……. », Et là, nous nous retrouvions en « Autant emporte le Vent »……. La Danse parfumait tout cela de nos corps réunis, filles et garçons…..

    J’y suis toujours prêt (la révolution), je ne danse plus…..

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