Marbre

– « J’ai rêvé que je t’attachais sur ma table en marbre et que je te faisais l’amour… »

Je ris. N., toujours lui. Égal à lui-même.

Nous sommes sur son canapé, en train de fumer des joints, de papoter, de rire, et ses pieds et ses mains tentent un rapprochement.

Je le regarde gentiment, en souriant, et l’invite à arrêter, à ne rien espérer. Je suis celle qui dit non à ses avances, et quelque part, c’est le rôle que je dois tenir. Même si j’échoue régulièrement. Même si presque toutes les fois où je ne cède pas se terminent en crispation, puis en réconciliation amicale, car nous nous adorons. Je dois dire non. Je m’en convaincs.

Bon joueur, cette fois, il n’insiste pas. Et nous rions de plus belle, parlant de ci et de ça. Ça me détend. Qu’il n’insiste pas. Que l’amitié puisse se faufiler entre les mailles de notre désir. Je me sens moins oppressée. Mon esprit peut alors se dévêtir de son costume de refus, et se rendre à l’évidence.

Je suis en période pump it up.

J’ai le ventre chaud, le sourire en coin, et le cœur libéré de la culpabilité.

Je laisse passer encore quelques minutes pour savourer ce moment pendant lequel je sais que je vais bientôt jouir puissamment, laisser monter la vague, imaginer, flashs fugaces et brûlants.

Puis un silence…

– « Alors, elle est où ta table en marbre…? »

Blanc.
Yeux écarquillés.
Sourire interrogatif.

Il se lève d’un bond, me saisit dans ses bras, me soulève. Je m’agrippe à son cou, amusée de son air décontenancé. Il me porte jusque dans sa chambre, pose mes fesses sur sa table en marbre qu’il vide d’un coup sec, et m’embrasse goulûment. Il me déshabille habilement, et plonge sa tête entre mes cuisses. Il est divin.

Puis il remonte et m’allonge sur la table. Le contact du marbre froid me fait frissonner, je me cambre, il attrape mes bras, joint mes mains au-dessus de ma tête, et les noue au pied métallique et imposant. Il fait de même avec mes pieds. Foulards serrant délicatement mes extrémités, me contraignant à une posture sensuelle et adéquate.

Je ferme les yeux, et m’abandonne à ses mains, sa bouche, son sexe, son souffle, sa moiteur. Il compose tel un virtuose, il soupire, mais je le sens inquiet. Concentré.

Il me faut à peine quelques minutes pour exploser. Je m’arc-boute, puis m’effondre, haletante.

Il sourit, en me regardant.

Je lui demande : « Et toi ? »

« Impossible, R. Tu m’as trop surpris en m’invitant à vivre mon rêve. Mais c’était délicieux quand même… »

Je rougis…

– « Bon ben détache moi alors… ça caille par ici ! »

Nous éclatons de rire, il me libère, me rhabille, nous nous embrassons et nous faisons une tendre accolade.

Et on retourne sur son canap’ fumer des gros joints.

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7 commentaires pour Marbre

  1. Y. dit :

    Ah ben dis-donc celui-là on peut pas dire qu’il te laisse de marbre ! Jean Bloguin, humoriste …

  2. usclade dit :

    Tu as bien fait de graver cette histoire dans le marbre et nous la faire partager, elle m’a beaucoup excité !
    (voilà oui, c’était facile, c’était pour utiliser la deuxième expression concernant le marbre après Y., je suis curieux de savoir si d’autres commentateurs vont en trouver d’autres.. 🙂
    Par contre c’est vrai que c’est histoires de copinage coquin ont le don de m’émoustiller au plus haut point… 🙂

  3. Bonjour !
    Je me suis permis d’évoquer cette histoire, qui m’a beaucoup plu, dans cet article.
    (Mais apparemment le ping s’est chargé avant moi de vous en notifier 🙂 )

  4. R. dit :

    Oui, j’ai vu, merci beaucoup, ça m’a touchée, et je partage plutôt votre point de vue ! Bienvenue ici, donc… 🙂

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