Pendant ce temps à Vera Cruz…

Ouaahhhh, record battu.

421 jours sans billet sur ce blog, je voudrais pas dire mais ça sent la fin par ici.

Rhoooo, ça va, je suis pas en train de t’annoncer solennellement la mort de mes écrits, hein. No drama. Si ça se trouve je vais avoir des trucs de ouf à te raconter bientôt.

Ou pas.

Ptet même que je vais perdre mon taf (crise économique bonjoooooour) qui assouvit ma soif de mots et que j’aurais à nouveau besoin de transformer mon bouillonnement cérébral en succession de 1 et de 0 pour que ça s’affiche sur ton écran entre deux stations de métro (s’il y a encore des gens qui prennent le métro… et qui me lisent). En plus je retrouverais ainsi du temps (et moins d’argent, mais tu connais l’histoire du beurre et du cul de la crémière), et donc le mou qui permet l’élasticité de la pensée.

Mais là, j’avoue, trop de contraintes, trop de course, trop de confinement, trop de monde-qui-part-en-couille et surtout vraiment pas assez de trucs intéressants à développer.

Déjà, le fameux plan à trois avec le monsieur gay, bien que pourvoyeur d’orgasme, n’a, encore une fois, pas été à la hauteur de mes espérances.

Le lendemain matin, j’ai même dit en rigolant à mon amoureux que puisque les hommes que nous rencontrions avaient la rigueur toute relative (et c’est un euphémisme), nous allions désormais écrire dans nos annonces respectives que nous cherchions juste « deux mains supplémentaires ».

Oui, les paluches ont l’avantage indéniable d’être moins sujettes à la pression globale qui augmente et donc à la pression locale qui diminue. Certes, elles peuvent trembler, mais ça a ses avantages.

Je précise que je ne conspue pas du tout les débandants. Messieurs, vous avez toute ma tendresse et ma compréhension. Mais c’est bien le problème des contacts basés sur le corps plus que sur les sentiments : on a du coup envie qu’il fonctionne, et surtout ses parties caverneuses. D’autant plus quand tu t’es mis en tête, enfin « en tête », façon de parler, de jouer la multiprise.

Donc le jeune homme en question, plutôt sympathique au demeurant, n’a je pense pas suffisamment été charmé par ma plastique féminine (totalement d’origine cependant) pour regarder droit devant quand il s’agissait de faire autre chose que d’être sucé.

Une bouche reste une bouche, et, apparemment je suce comme un pédé.

Life goal.

Enfin je dis ça mais je suce plus trop, en vrai.

Chéri, si tu me lis, j’en suis d’ailleurs désolée. J’ai comme une sorte de flemme (la fatigue + la mâchoire douloureuse + aussi un peu la fume on va pas se mentir), je me dis souvent « la prochaine fois je le fais », et puis finalement on se lance dans une de nos baises super efficaces et chouettes et satisfaisantes et amoureuses, ambiance straight-to-the-point, et ça passe à l’as… sans nous priver d’orgasme.

Bon, l’avantage, c’est que quand je re-suce, c’est carnaval.

La rareté et la frustration ont de grandes vertus, c’est ce que je me tue à expliquer à mes gosses.

En prenant d’autres exemples que la turlute rarissime, relaaax.

Après ce rendez-vous, on a continué notre recherche molle d’un sexe plus dur, mais ça m’est vite apparu comme sans aucun intérêt, et vachement contraire à ma façon d’appréhender les rapports humains.

Je ne suis décidément pas faite pour les plans Q, surtout ceux à la queue incertaine.

Alors j’allais de moins en moins sur le supermarché des mecs, à chaque fois ça me gavait un peu plus, les gars étaient mi-chiants mi-prévisibles, ça ne m’amusait plus, bref… cet été, j’ai viré l’appli de mon téléphone.

Parce qu’entre une baise à trois incertaine et potentiellement malaisante avec toute la prod que ça exige (nos enfants ne grandissant pas plus vite que la musique… même si certains ont du poil au kiki désormais)(oui j’ai eu un choc récemment, mon fils aîné étant carrément pubère avec tout ce que ça implique en matière de proportion)(et je te rappelle que son père voyait les choses en grand de ce côté là), donc disais-je entre une baise à trois, probablement partiellement décevante bien que rigolote et sortant de l’ordinaire, et une baise avec mon amoureux à base de pas loin de 100 % de réussite quelque soit la façon d’y parvenir, le tout dans une connexion parfaite alliant poilade et roucoulade, mon choix est rapidement fait.

Ouais… je sens comme une grosse envie de repli en ce moment. Dans la suite logique du confinement.

Envie de voir beaucoup moins de gens sauf les très chers à mon cœur, de rester chéoim (l’enfer du masque dans la rue quelque soit sa fréquentation)(une logique qui m’échappe)(non je ne suis pas antimasque)(mais je trouve le raisonnement foireux)(bref vivement le retour à la bouche libre), d’être gentille avec moi…

En fait je suis bord en train de virer chiante, en tous les cas austère.

Si je m’écoutais, je passerais mes journées à faire du yoga, du yoga et encore du yoga. Je sais que je me répète, mais ça a changé ma vie. Sans rancune après les trois décennies où je me suis bien foutu de sa gueule.

Je me suis en plus lancée dans les équilibres, et ça me passionne. Ouais, sur la tête, les avant-bras, les mains, avec plein de shapes et de vibes différentes. Sorry my trainings sont in english, du coup I speak as if j’étais Jean-Claude Van Damme. Bon, je manque évidemment de temps pour m’entraîner autant que je le voudrais, du coup je ne progresse pas assez vite, ce qui me frustre beaucoup mais hop, va lire mon point de vue sur la frustration quelques lignes plus haut et tu verras que je prends ça bien.

Presque à chaque fois.

En tous les cas au moins une sur trois.

Les jours pairs.

Si je suis de bonne humeur.

Non la vérité parfois ça m’abat, mais assez vite je me rappelle que c’est une discipline qui apprend la putain de sa mère de patience.

(j’adore les putes, j’adore ma feue mère, j’adore celles des putes, et même les fils de putes mais que au sens littéral du terme)

Ouais donc les équilibres, que j’ai pratiqués autant que possible pendant le confinement jusqu’à ce que je comprenne qu’on ne pouvait pas progresser tous les jours et que du coup je tirais une balle dans le pied de ma motivation. Cette discipline (un rêve d’enfant) m’a amenée à repenser les capacités de mon corps, alors j’ai lu plein de trucs, notamment sur la douleur, et j’ai capté qu’en fait c’était pas tant ma carcasse qui bloquait sur la souplesse du dos et du facial, mais… mon cerveau.

Oui, entre mes cours de danse classique d’il y a trente ans et maintenant, la science a évolué, et en vrai, s’asseoir sur le dos d’une petite fille pas spécialement souple et mise dans la position de la grenouille traumatise plus ses adducteurs que ça ne les détend, et paye ton réflexe de Pavlov derrière. Sans parler des discours expliquant à une gamine à scoliose qu’avec son dos, elle ne pourra pas faire grand chose et qu’il convient d’y faire très attention.

Portenaouak.

Bon, la bonne nouvelle, c’est que je n’ai QUE 42 ans et que donc il est encore temps de bosser le bordel. Du coup j’ai commencé à prendre des cours particuliers de souplesse, c’est intense mais trop chouette.

Et je bosse les équi avec évidemment l’envie tenace que ça vienne le plus vite possible, mais en sachant que je commence un chemin qui pourra durer une vie, tout du moins une demi-vie, vu l’infinité de figures à bosser.

Du coup plus de pole, plus de hoop.

Plus de temps, plus d’envie. Même si c’est grâce à la pole que j’ai eu des bras et que je suis passée au yoga, donc je ne suis que gratitude.

Mais plus d’élan, quoi.

J’aime trop cette nouvelle façon d’être sympa avec mon corps, que j’ai pris pendant 4 décennies comme un outil à ma disposition, alors qu’en fait c’est mon unique maison.

Ouais, je suis devenue chiante, je te dis.

Et encore, je te parle pas de ma nouvelle passion pour un truc que j’ai trooooooop envie d’essayer mais que j’ai pas encore vraiment réussi à organiser alors du coup en attendant je lis tout ce que je peux sur le sujet et c’est un monde entier qui s’ouvre à moi, et non ça n’a rien à voir avec la face nord, quoique…

Ladies and gentlemen, let me introduce…

Le jeûne !

Dans 2 minutes je bouffe de la fiente d’oiseau saupoudrée de graines de chia dans une caverne ardéchoise tout poils-de-sous-les-bras dehors.

Ah merde je peux plus, j’ai fait épilation définitive…

Bon mais t’inquiète, je suis encore une punk dans l’âme, hein. Mais une punk plus sympa avec elle-même, rapport qu’on rajeunit pas, tavu.

Aussi une punk qui a perdu son modjo question discutaille, et qui, même si ses convictions sont encore bien là, n’a plus du tout envie d’en débattre à part avec des gens déjà d’accord ou au moins perméables à son propos.

Le repliiiiiii, je te dis.

Je suis trop sensible et fatiguée pour continuer de lutter autrement qu’en m’astreignant à être une bonne personne et en inculquant ces bonnes valeurs à ma progéniture.

Surtout, tout ça me semble vain.

La petite déprime, si ça se trouve, même… Comme tout le monde dans cette année de merde qui n’augure pas vraiment de meilleures années ensuite.

Bref, tu vois à quel point j’ai pas grand chose de dingue à te raconter.

J’avais prévu de fanfaronner si d’aventures je gagnais un concours auquel une amie m’a fortement incitée à participer, le Prix de la nouvelle érotique, parce que j’étais jouasse d’être parmi les 25 finalistes sur 260 candidatures. Mais le verdict était attendu fin mars, et toi-même tu sais à quel point le monde s’est arrêté.

Donc ça a été repoussé à octobre, mais je sais pas toi, moi j’ai l’impression que ça va encore être repoussé.

Et puis t’façons je suis sûre de ne pas gagner.

Oui, c’est une demi-conviction et surtout une posture pour éviter la déception.

Bon enfin promis, si l’avenir me donne tort, je reviendrai ici faire ma crâneuse.

Et après je me retire du monde-qui-part-en-vrille et j’entre dans les ordres.

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16 commentaires pour Pendant ce temps à Vera Cruz…

  1. SJ dit :

    Comme cela un matin je me dis pour la première fois depuis…des mois (cause corona pas bière, monde-en-couilles…) tient, si j’allais voire ce qu’elle a publié. Ce matin. Marrant. Et toujours aussi agréable à lire (même si c’est pénible de lire que vous fûtes une « inefficace » multiprise).
    Belle journée à vous, et merci de produire ici le texte teasé avec tant de talent ;).

    Sir John

    • R. dit :

      Merci à vous, cher SJ, d’être encore dans les parages malgré ma disparition des radars. ❤ Quant à la multiprise, si elle doit vivre un jour, ça sera grâce à un heureux hasard. Je ne veux plus chercher à forcer le destin dans un monde où les hommes débandent. 😉

  2. Audrey dit :

    Comme ça fait plaisir, ce nouveau texte ! Le « repli » de l’âge qui fait qu’on s’occupe de soi et qu’on transmet de belles valeurs à nos enfants, je trouve ça bien moi ! Même si ça implique de ne plus lire autant d’histoires qu’avant sur ce blog…
    Merci en tout cas 😊

    • R. dit :

      Merci à toi, Audrey… Ça me redonnerait presque envie de ré-écrire mais noooooooooon, il ne faut pas céder à l’appel de la gloire quand on a rien d’intéressant à dire de plus. 😀 ❤

  3. Gaxel dit :

    T’inquiète, on te lit ^^

    ça alors, mis à part le yoga dans lequel je ne me suis pas encore lancée (j’ai presque 40, il me reste de la marge pour découvrir ses bienfaits, pour le moment j’ai besoin de danse africaine qui traumatise mes articulations), je me sens tout à fait dans le même état d’esprit, un besoin de repli, de temps, de « je te connais par coeur et réciproquement et bon sang que c’est bon » plutôt que d’envie d’évasion. Et pourquoi pas, après tout ?
    Le style est toujours là, ya pas de malaise 🙂

    (moi c’est ma grande qui devient pubère, poufpouf, toute jeune qu’elle est (11 ans ‘-.-). Des jolis petits seins, des formes qui se dessinent, des poils partout dont elle se contrefout plus que sa mère – même à la piscine entre collégiens ! je l’admire – j’étais pas prête, moi j’étais grave à la bourre en la matière)(et en plus elle commence à me rattraper en taille, il nous reste 13 cm d’écart…)

    • R. dit :

      Mais Gaweeeeeeel, quoi ! Tu es encore là !! C’est fou… et je suis contente ! 🙂 Alors je te souhaite de trouver le chemin du yoga (ou un truc du même acabit) quand tes genoux feront vraiment la gueule (voire un peu avant 😉 ), et oui, c’est dingo ces gosses de 11 ou 12 ans qui sont déjà en pleine hormones party, lààààà. Ça promet… 😮 🙂

  4. Gawel dit :

    GaWel, faute de frappe 😉

  5. Bastoun dit :

    « …que j’ai pris pendant 4 décennies comme un outil à ma disposition, alors qu’en fait c’est mon unique maison. » J’aime beaucoup cette phrase, qui résume de manière délicate et poétique ce que j’ai toujours pensé sans parvenir à mettre les mots dessus (pas aussi joliment en tout cas). Et oui, l’âge aidant, on se surprend à découvrir et apprécier des pratiques plus douces (confinement aidant, Madame s’est mis au yoga également, ainsi qu’au pilates) et à essayer des choses qu’on aurait balayées d’un revers de main à peine quelques années auparavant (moi, c’est le jeûne intermittent, ne me jugez pas).

    • R. dit :

      Ha ha, c’est pas moi qui vais te jeter la pierre sur le jeûne, je me passionne pour le sujet depuis le confinement, et si j’ai pu faire des jeûnes intermittents assez facilement, je n’ai pas réussi à me casser 4 jours de chéoim pour faire un jeûne plus long. Mais c’est prévu ! J’ai un peu peur, mais j’ai vachement hâte. Ptet même que j’en parlerai ici… 😉

  6. Anne O nym dit :

    Souhaitons que l’avenir te donne tort…

  7. zos dit :

    Me suis dit que j’allais voir s’il y avait du neuf sur ce blog avant noël.
    Bah oui, il y a.

    • R. dit :

      Ha ha, oui, t’as eu du bol ! 😉 J’ai récemment eu envie d’écrire sur le bordel que ça fout dans la tête d’être mère, mais je doute sur le réel intérêt du propos… j’ai pas encore tranché avec moi-même ! 😀

  8. Ping : Trois ans plus tard | Du sang, du sexe et du lait maternel

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