T’inquiète, on arrive au bout du bordel… Enfin normalement. L’histoire a montré qu’il se passe parfois des choses souterraines explosives qu’on n’a pas vu venir.
Je crains d’avoir perdu à tout jamais ma full sérénité.
Et ça me fout bien les boules.
Et puis je me suis fait avoir par whatsapp et ses messages éphémères : je n’ai plus la réponse de A., qui a disparu en même temps que mon message initial et mes propres réponses.
Heureusement que ma trop bonne mémoire me sert parfois – enfin je dis ça, la vérité c’est que j’ai plus de cerveau et parfois j’oublie des trucs que je sais depuis toujours, ça fait flipper, d’autant plus en étant la fille de ma mère.
Elle me répond en gros qu’elle s’en bat les couilles de mon mec, qui n’est pas au centre du monde, que le sien est mille fois mieux et que de toutes les façons qui voudrait d’un mec qui se « prend des bites dans le cul » ? Que je parle trop mal, qu’elle ne m’a jamais menti, que je suis une sale vicieuse, qu’elle y peut rien si je suis amoureuse d’un gros tocard qui aime se faire enculer (encore) et qui ne me mérite pas. Qu’elle n’a absolument pas peur de lui, donc si je lui renvoie son numéro elle lui répondra directement. Qu’elle ne veut plus jamais avoir de message de ma part ou de la sienne, qu’on peut aller se faire foutre, bonne continuation je vous souhaite le meilleur.
Elle ne répond à aucune des contradictions que j’ai soulevées dans mon attaque.
Aucune.
Elle mord.
Alors je mets un petit cœur à son message et lui envoie le numéro de mon mec.
Et elle lui écrit. En substance : « Ta meuf pense que j’ai peur de toi alors je te réponds, je m’en bats les couilles de ta gueule, et si tu as un minimum de couilles assume et dit la vérité au lieu de me faire passer pour une meuf folle de toi alors que c’est toi qui a pleuré trois fois pour moi. Je t’ai toujours expliqué que je disais ‘je t’aime’, ‘bébé’, ‘ma vie’ à tout le monde, me fais pas passer pour la meuf grave amoureuse. Ta meuf se ment à elle-même en pensant que je te voulais pour moi, et surtout en se rendant malade pour un mec comme toi, c’est d’une tristesse qu’elle se dise qu’elle a besoin de ta gueule. Personne veut d’un mec comme toi alors m’écris plus ! »
Nan mais sérieux j’ai l’impression de découvrir une nouvelle version de l’histoire à chaque fois qu’elle dit un truc.
Finalement elle ne l’aimait pas…?!?
Et même si je dois régulièrement lutter contre moi-même pour ne pas me laisser à nouveau perturber par ses mots, je martèle dans ma tête – cette fois c’est une image – ses incohérences, ses contradictions, l’absence de réponses à mes questions précises, ses phases cruelles et perverses.
Ça n’est pas pour ça que ça absout mon mec.
Non, vraiment pas.
Malheureusement.
Et moi je suis complètement décontenancée face à ce type de personnes.
Je parle d’elle mais aussi de lui.
Comment ? Pourquoi ?
Évidemment que le monde ne peut que partir en couille vu qu’il est farci de gens qui sombrent dans la facilité intellectuelle, qui mentent et manipulent même quand les conséquences peuvent être lourdes, qui créent du chaos plutôt que de s’élever spirituellement en admettant leurs failles, leurs erreurs, leurs faiblesses, leurs méfaits.
Je me sens inapte à ce monde. De merde.
La seule avancée, c’est qu’en provoquant ces derniers échanges, j’ai le sentiment d’avoir remis les choses à leur juste place (sans l’adhésion de A., ce que je trouve dommage mais probablement normal), d’avoir presque entièrement sorti la pièce rapportée de l’équation (enfin ! et vivement le 100%)… et d’avoir réduit à peau de chagrin les risques qu’il glisse à nouveau sa bite de débile dans quelque orifice qui lui appartienne.
Depuis, pas de nouvelle… Et même si j’ai encore beaucoup de questions qui s’entrechoquent contre mon crâne, je me sens un peu allégée.
Vais-je réussir à ne pas poser les questions potentiellement inutiles ?
Pas sûr du tout.
Par exemple dimanche j’en avais une : combien d’appels en facetime alors qu’elle était à côté de lui, hors champ ?
C’est tellement humiliant.
De l’avoir subi et de poser la question.
Peu, apparemment, mais du coup, peut-il admettre qu’il vivait ça comme des petites victoires, ha ha ha bien joué elle n’y a vu que du feu.
Qu’au bout d’un moment, quand on ment, re-ment, sur-ment à sa moitié pendant six mois, on ne peut pas ignorer qu’on la prend pour un con, qu’on joue avec son intelligence.
Il réfute.
Comprend que je le vive ainsi mais nie fermement avoir jamais voulu me prendre pour une conne.
S’il a pensé au tout début être dans le cadre de notre contrat, malgré l’absence de capote (qui continue de me laisser sans voix), il me dit qu’il s’est senti dans la merde très vite et qu’il n’a pas su s’en extirper.
Je lui mets dans la gueule qu’il n’a effectivement absolument rien fait pour mettre un terme à l’histoire.
Malgré des épisodes qui auraient pu sonner ses cloches : ses fils qui le grillent dans l’escalier, ces fois où il a dû se planquer dans sa cuisine pour répondre à mes appels, les exigences croissantes de A, nos discussions et mes messages d’amour quand, par exemple, il ne bandait plus pour moi…
Qu’il s’est laissé dominer et embarquer dans la merde comme un connard doublé d’un soumis. Et qu’il m’y a entrainée sans vergogne.
Je lui rappelle qu’il ne m’a pas fait un seul aveu spontané.
Zéro, que dalle, makash, wallou.
Alors que tout ce qu’il a appris sur mon jardin secret, je lui ai dit de moi-même, sans y être obligée mais poussée par mon besoin tenace de remettre de la lumière dans les ténèbres où il m’avait plongée.
Que je ne sais que ce que j’ai découvert. Que son amnésie l’arrange bien.
Je sais que d’autres questions vont éclore dans ma petite tête de tarée traumatisée à la logique implacable.
Je sais que je pourrai résister à les poser un temps… jusqu’au moment où elles vont sortir dans un grand fracas.
Je suis moi-même un grand fracas, une femme triste et déçue qui a vu un grand voile gris jeté sur sa vie.
Par l’homme qu’elle aime, avec qui elle vivait le merveilleux.
L’illusion, en vrai.
Un homme qui est devenu mon poison, et qui est néanmoins mon antidote.
J’aime trop être tout contre sa peau, serrée par ses bras, faire l’amour avec lui, vanille ou naughty, danser bassins aimantés, rire, faire des battle de musique qui ne font que confirmer notre immense connexion, partir à la montagne, en Corse, élever nos enfants…
Je continue de ne pas imaginer ma vie sans lui.
Même si j’ai peur, parfois, que l’antidote ne soit pas aussi puissant que ne l’a été le venin.
Je vais conclure enfin ce récit pénible mais que j’avais besoin de pondre pour espérer reprendre une vie un peu plus légère – même si je reste pessimiste pour les mois à venir (vivement 2025 !).
Je pense que A. est timbrée, et pas dans le sens charmant du terme. Elle est suffisamment intelligente pour créer un chaos phénoménale, mais pas assez pour tenir la distance dans ses nombreux mythos. Je pense qu’elle ne fait même pas l’effort de se rendre compte de ses incohérences. Comme la majorité des gens, malheureusement, elle tombe à pieds joints dans la facilité intellectuelle.
Je pense qu’elle a grave kiffé mon mec, qu’elle a vu en lui un pygmalion sexuel et que le challenge de détrôner l’officielle a pimenté l’aventure.
Elle est persuadée d’avoir été surconnectée à lui grâce à leurs drames similaires – même s’il lui a menti fort sur le sujet, et elle le sait –, et donc de le connaître bien mieux que moi, oubliant que six mois en pointillés n’étaient pas comparables à dix ans plutôt heureux avec famille recomposée.
Dans le seum, elle a probablement ressenti cette empathie à mon endroit, mais n’a pas résisté à l’appel du sang : il fallait à un moment m’enterrer… mais sans l’assumer.
Ma façon singulière de me positionner (de son côté à elle) l’a probablement touchée et flattée au départ… pour finalement l’encombrer. Je sais que je sors des clous, et ça demande parfois trop d’efforts de réinitialiser son logiciel interne pour voir la vie différemment – plus joliment, plus intelligemment, ai-je envie de dire… pour agir de façon à faire tourner le monde dans le bon sens.
Un objectif qui anime quasiment toutes mes décisions.
Concernant mon mec, c’est à moi de reconfigurer mon cerveau pour me repositionner face à lui. Pour comprendre ce qu’en dix ans je n’ai pas perçu.
D’abord la capacité au mensonge. Avec un aplomb très déroutant. Ça me casse la tête et me coûte cher en tourments. Et ça me déçoit cruellement.
La posture, et donc l’imposture. Du mec qui gère, du mec qui assume, du mec qui ne tortille pas, du mec qui est suffisamment à l’aise pour parler de tout – ses désirs, ses angoisses, ses saloperies… et qui en fait ne saisit aucune des perches que la vie ou sa compagne lui tendent, même quand il y a gros péril en la demeure.
Étonnamment, il se trouve que courant 2023, donc pendant l’histoire avec A. mais avant que ça ne remonte à la surface, j’avais verbalisé pour la première fois une idée floue qui germait en moi : celle que mon mec était un mec bien s’il était entouré de gens réfléchis et soucieux de faire tourner le monde dans le bon sens. Mais que je craignais qu’au contact de personnes moins fiables il devienne… friable.
J’avais vu juste.
Un truc un peu genre « foutu pour foutu, autant brûler la vie par les deux bouts, peu importent les conséquences. »
Il n’a même pas choisi la meuf avec qui il me trahissait. Un truc absolument incompréhensible pour moi. À quel point se déconsidère-t-on soi-même pour baiser avec la première venue ???? À mimer avec cette non-élue le love et le sexe merveilleux ??
Et puis il n’a pas été que friable : dans l’histoire avec A. il semble avoir été très souvent moteur, sans jamais avoir cherché à freiner quoi que ce soit. Comme un petit malin qui gruge un tour de manège supplémentaire.
Où était sa considération pour moi ?
Et puis cette façon de passer dix ans à me tartiner de love, affirmant qu’il m’aimait plus que je ne l’aimais sans doute aucun, évoquant si souvent son immense crainte de me perdre au prétexte que je ne peux qu’être sur-sollicitée et donc que je ne peux que finir par céder.
Ça a quand même une belle odeur de manipulation…
Inconsciente, probablement.
Le fruit de son désamour de lui-même. Doublé de sa grille de lecture personnelle : puisque lui n’a pas refusé un seul coup de bite à donner ou à prendre pendant ces dernières années (en tous les cas ceux qui le motivaient), je ne pouvais qu’être pareil. Et donc il pouvait se laisser aller à ses penchants naturels.
Facile.
Psychanalytique.
Si seulement il voulait se soigner, se décortiquer, se comprendre.
Mais lui me dit qu’il est guéri.
Ça y est.
Il ne recommencera jamais, il en est convaincu.
Il a trop mal de me voir avoir si mal, et c’est un événement suffisamment traumatique pour réellement renverser sa vapeur personnelle.
Mon analyse, qui vaut ce qu’elle vaut puisqu’elle est en grande partie faite à l’aveugle, c’est que plusieurs choses ont joué dans cette histoire, hormis tout ce que je viens de dire :
– Une crise de la quarante-sixaine, et une certaine peur de se voir vieillir.
– Un sentiment illégitime mais existant d’infériorité à mon égard (une arme apparemment redoutable pour faire tomber les gens du piédestal sur lequel ils ne veulent même pas trôner).
– Une tendance à vouloir bouffer tout ce que la vie donne, au moins niveau cul. Quitte à bouffer de la merde. Et à en tartiner l’officielle.
– La conviction que j’étais suffisamment crédule pour gober tant de conneries… ce qui est quand même une belle marque d’irrespect.
Et il faut que je me convainque, vu que je ne veux pas du tout le quitter – même si bien évidemment il m’est arrivée plusieurs fois de me dire que face à ce mur d’issues toutes plus nazes et sombres les unes que les autres, celle-ci aurait le mérite de résoudre radicalement ma situation (même si j’en serais très triste) –, qu’il a pu se comporter ainsi tout en m’aimant réellement.
Oui, je me sens souvent dans une impasse, sans issue acceptable.
J’ai hâte du jour où je pourrais reparler avec des étoiles dans les yeux de lui, de notre couple. De ce qu’on a traversé, maintenant, du coup.
J’ai peur que ça n’arrive pas avant très longtemps.
Je lui dis parfois que pour contrer toute cette merde il faudra remettre du merveilleux.
D’une façon ou d’une autre.
Avec des actes forts, et surtout de la clarté.
Que je veux qu’il me fasse danser.
Et plus jamais de flou.
D’ailleurs, je lui ai dit il y a quelques jours que finalement, je suspendais le contrat entre nous.
Je ne suis pas en mesure d’y nager sereinement.
« On est désormais un couple au contrat par défaut, c’est à dire d’exclusivité sexuelle. Et si on doit faire des trucs qui sortent des clous, on les aborde ensemble, quitte à finalement décider de les expérimenter séparément. Mais plus aucune ouverture vers l’extérieur, puisque tu n’as pas été foutu de savourer cette liberté sans être inconséquent. Et j’ai un crédit ! Que je n’ai aucune envie d’utiliser, crois-moi ! Si un jour ça arrive, ça sera hors contrat. Mais tu ne pourras rien me dire. »
Il me répond qu’il se sent coupable de me priver du contrat à cause de ses conneries. Que donc on peut le conserver, lui n’ayant plus du tout envie de se frotter à quiconque d’autre que moi. Que je l’ai fait rêver en lui racontant la puissance de l’amour ressenti quand on peut aller baiser ailleurs, qu’on le désire… mais qu’on y renonce parce que les sentiments qu’on éprouve pour sa moitié sont plus forts que ça. Qu’il a presque hâte de se faire draguer pour pouvoir refuser. Qu’en ce qui le concerne, il considère que renoncer au contrat c’est comme s’il prenait une assurance tout risque mais qu’il avait déjà emballé sa bagnole de 8 tonnes de papier bulle.
Il se sent désormais plus fiable que jamais, hyper volontaire sur le sujet.
Je maintiens : plus de contrat. Comme ça c’est clair.
Car oui, il s’agit aussi de m’analyser moi, dans cette histoire.
J’ai réellement cru que j’avais trouvé le mec parfait avec qui j’avais un couple en or massif. Je me suis laissée duper par mes convictions sans voir que mon homme était plus poreux – plus humain – que je ne l’imaginais.
Et aujourd’hui je ne sais plus rien sur rien. J’ai peur de tout.
Et j’espère ardemment qu’on rira de tout ça un jour, main dans la main, cœurs cousus.
J’ai surtout vraiment pensé que tout ce que j’avais bâti comme garde-fou me prémunirait de ce genre de désastre. Que la bonne volonté, l’amour fou et une communication fluide suffiraient.
J’ai été une putain de prétentieuse.