F(r)iable

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Je suis une fille plutôt fiable. Plutôt même très fiable.

Amie fidèle, bienveillante, travailleuse consciencieuse, organisée, économe, carrée, la tête sur les épaules, prompte à la culpabilité. Je ne répète presque jamais ce qu’on me demande de garder secret, j’essaye d’arranger les choses entre les gens, de ne pas blesser, je m’excuse environ toutes les huit secondes.

J’essaye de faire le bien.

Alors que je suis même pas catho, bordel. Je suis une putain de mécréante.

Bon évidemment, je foire régulièrement.

Parce que parfois mon sens de la culpabilité et de l’obsession encombre mon interlocuteur. Tu m’étonnes, faut voir le poids du truc en même temps.

Parce que parfois, je fais ma radasse, tout simplement.

Parce que parfois je manque de finesse, même si je fais tout pour ne pas. Il y a des situations sur lesquelles on ne peut pas avoir de finesse parce que tout simplement on ne perçoit pas un huitième du tiers de ce que ça bouleverse chez l’autre. Je le vois bien quand j’explique à un ami qu’il m’arrive d’espérer que ma mère passe l’arme à gauche vite, et qu’il me répond, gêné, qu’il ne « faut pas dire ça ». Ben si, mec. En tous les cas, c’est comme ça que je le vis.

Parfois, ce mec, c’est moi.

Mais je suis plutôt fiable, quand même.

Sauf sur un point. Ma faiblesse. Le sexe.

Je ne sais pas pourquoi – même si j’ai quelques pistes -, mais mon animalité cyclique peut parfois me submerger. Je perds le contrôle de moi-même face à certaines situations trop intenses. Je deviens friable. Diable.

Oh je ne cède pas à toutes mes pulsions, crois-moi. J’ai même su plein de fois m’épargner des situations à risques. Mais à des moments où la bride s’est lâchée, être moi a parfois été complexe. J’ai fait souffrir des personnes que j’aime fort. Juste en étant naturellement moi. Juste en jouissant.

C’est nul de faire mal sans le vouloir. C’est douloureux.

Au final, ça a donné lieu à de belles discussions. Des mises au points intenses. Des occasions d’affirmer à nouveau l’amour.

Mais je vois bien que cette faiblesse est condamnée plus hâtivement que beaucoup d’autres. Alors parfois j’ai peur que toute ma fiabilité soit anéantie par ce petit epsilon.

Epsilon dérangeant, j’ai fait des choses dont je ne suis pas fière.

Mais epsilon solaire.

C’est ça qui est triste, bordel.

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26 commentaires pour F(r)iable

  1. etoile31 dit :

    Restez donc
    Et Venez donc en ¨Pleines Lumières….
    C’est tellement non, Là, Où et Comme vous Êtes…….
    Par choix,
    Now!

  2. zoumpapa dit :

    Jte trouve dure avec toi-même. Vraiment. Bon, si t’es trop spontanée c’est sûr que de temps en temps et comme on dit « tourner 7 fois sa langue etc. »…c’est pas plus mal, mais en même temps c’est pas la fin du monde, et puis globalement ce trait de personnalité fait de toi quelqu’un d’entier, c’est surement comme ça que tes amis t’aiment, d’ailleurs (même si parfois ça a du les faire chier).
    Bon, pour le cul, là c’est autchoz. Pour l’équilibre, vaut mieux freiner, pour rester toi-même…faut parfois lacher…

  3. dita dit :

    ce billet me parle beaucoup beaucoup R…
    j’aime beaucoup ce que tu écris là . Certaines «  » »fautes » » » » sont moins «  » » » pardonnées «  » » » que d’autres. On oublie du coup tout ce bien que tu peux faire à d’autres moments pour pointer du doigt cette femme sexuelle.
    Je ne comprend pas pourquoi le sexe dérange.
    Comme toi il m’est si naturel que c’est difficile à expliquer…
    je t’embrasse

    • R. dit :

      On aurait dû naître dans Californication… 🙂

      • Judie K dit :

        Je ne suis pas d’accord avec vous. Il n’y ait pas que le sexe qui soit une faiblesse peu acceptable socialement.
        De moins de vue de femme, j’ai l’impression que les femmes ne peuvent avoir aucune faiblesse.
        J’ai d’autres faiblesses pas acceptées. Il y a des périodes où je m’en fous et d’autres où ça me pèse. Et où, pour la bonne marche de ma vie en société il faut que je fasse des (putains de gros) efforts. comme c’est le cas en ce moment.

        • R. dit :

          Je ne dis pas qu’il y a juste cette faiblesse qui soit mal acceptée. Mais elle prend des proportions sur-dimensionnée alors qu’à la base elle n’est pas animée par l’envie de nuire… Je dirais même qu’elle ne prive personne. Je m’étonne toujours qu’un truc « positif » puisse avoir de telles conséquences.

  4. L'autre vraie copine ... dit :

    Tristesse partagée.
    Le temps, poulette, le temps …
    L’ère d’Après, à nous de la sublimer pour qu’elle soit aussi belle que l’Avant.
    Je ne doute pas.
    ❤ ❤ ❤

  5. cath dit :

    Rien à voir avec la choucroute : le Diable au Club de ton logo est un bar-boîte de nuit situé à quelques rues de chez moi. WTF ?

  6. Sir John dit :

    « Que celui qui n’a jamais fait de la peine vous jette la première pierre ». Je doute que vous receviez, ne fusse q’un caillou (ou un chou, un hibou…).

  7. Judie K dit :

    Il vaut mieux faire la peine sans le vouloir non ?

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